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sans-abri.jpgSix personnes sans abri sur dix et neuf personnes en séjour irrégulier sur dix vivent avec moins de la moitié du revenu considéré comme le seuil de pauvreté. C’est ce que révèle une enquête scientifique menée par le Service de lutte contre la pauvreté,  la précarité et l’exclusion sociale. Que les conditions de vie des sans-abri et des personnes en séjour illégal ne soient pas satisfaisantes n’échappe à personne. Mais les informations fiables et chiffrées sont plutôt rares, car ces groupes sont généralement absents des statistiques officielles. Le Service de lutte contre la pauvreté  et la Politique scientifique fédérale ont collaboré en vue de combler cette lacune. Une enquête a donc été réalisée par le HIVA en collaboration avec l’institut de sondage IPSO,  au printemps 2010, auprès de 275 sans-abri et 170 personnes en séjour irrégulier. Les questions portaient sur leurs revenus, la composition de leur ménage, leur participation au marché de l’emploi, leur situation de logement et leur santé.

 

« Pour la première fois, les conditions de vie de ces deux groupes de ‘pauvres cachés’ ont été mesurées, d’une manière similaire à celle appliquée au reste de la population belge« , a expliqué Françoise De Boe, coordinatrice du Service pauvreté, lors de la présentation des résultats. « Cette enquête révèle les conditions extrêmement difficiles dans lesquelles vivent ces personnes. Elle a d’ailleurs été éprouvante, sur le plan professionnel et humain, pour les enquêteurs pourtant préparés à cet exercice. » « Lutter contre la pauvreté passe certes par des mesures économiques, sociales et juridiques« , souligne la Ministre Sabine Laruelle. « Mais la science a également son rôle à tenir et sa pierre à apporter à l’édifice. Pour décider, il faut savoir et pour savoir il faut mesurer. Cette recherche s’inscrit pleinement dans cet objectif. » « Maintenant que nous avons un meilleur aperçu des conditions de vie des sans-abri et des personnes sans papiers, nous pourrons si besoin améliorer sensiblement les choix que nous faisons dans nos politiques« , a ajouté le Secrétaire d’Etat Philippe Courard.

 

Premier constat: L’enquête montre que plus de 70% des sans-abri et plus de 95% des personnes en séjour illégal se situent sous le seuil de pauvreté. La plupart d’entre eux se retrouvent d’ailleurs bien plus bas: 60% des sans-abri et 90% des personnes en séjour illégal vivent avec moins de 450 euros par mois. Un montant nettement inférieur au revenu d’intégration accordé par le CPAS.

 

Deuxième constat: Une personne sans abri sur sept et une personne en séjour illégal sur cinq ont travaillé au cours du mois écoulé. Il s’agit généralement de travail à temps partiel et de travail au noir.

Troisième constat: Les sans-abri qui ne séjournent pas dans un centre d’accueil ne sont souvent pas en mesure de pourvoir à leurs besoins les plus rudimentaires. Seul un peu plus de la moitié d’entre eux ont un accès à l’eau potable et un peu plus de 30 % seulement peuvent acheter ou préparer un café. La moitié d’entre eux ne sont pas en mesure d’aller aux toilettes, même contre paiement, dans leur lieu de séjour; et un tiers seulement ont accès à des installations sanitaires.

 

Quatrième constat: Environ la moitié des personnes en séjour illégal vivent dans un logement (généralement un studio meublé); les autres ont trouvé un abri temporaire dans une institution ou sont sans-abri. Le logement des personnes en séjour illégal est souvent insalubre. Et 60% d’entre elles  disposent d’un logement présentant des ‘manquements structurels’ ou d’un logement trop petit , contre 30% des ménages belges moyens. En outre, malgré ces nombreux  défauts, la charge financière du loyer sur les revenus pour les personnes en séjour illégal est très lourde : un tiers d’entre elles consacrent plus de 40% du revenu du ménage au loyer.

 

Cinquième constat: 24% des sans-abri et 37% des personnes en séjour illégal évaluent leur santé comme étant ‘mauvaise’ à ‘très mauvaise’. Les troubles psychiques et nerveux sont particulièrement fréquents: manque de sommeil, solitude, angoisse et addiction. Un quart des sans-abri doivent également faire face à une consommation excessive d’alcool. Cependant, les drogues ne sont que très peu présentes dans ce groupe. En outre, l’accès aux soins de santé est limité pour eux: un sans-abri sur dix et presque une personne en séjour illégal sur six ont reporté ou annulé une visite chez le médecin au cours des 12 derniers mois pour des raisons financières.

 

(CtB/PA) http://info.catho.be

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